Dernièrement, j’échangeais avec une personne touchée par la SEP (sclérose en plaques) et elle me décrivait le fait qu’elle se mettait à pleurer très facilement, très souvent. Parfois même pour un rien (selon son interprétation). Elle s’interrogeait sur le fait que l’hyperémotivité puisse être un des symptômes de la sclérose en plaques.
Elle m’a alors demandé si, avec le recul que j’ai de 13 ans de vie commune avec cette maladie, mes nombreuses thérapies et mon métier aujourd’hui de psychopraticienne accompagnant régulièrement des personnes vivant avec des maladies auto-immunes sur le plan psycho-émotionnel, j’avais l’impression que l’hyperémotivité était un symptôme auquel je voyais régulièrement.
Ne pas confondre hyperémotivité et dépression
Alors, attention, avant de vous d’exprimer ici mon avis sur la question, dans un moment comme celui-là, il convient avant tout d’écarter le diagnostic de dépression (je vous partage le lien pour le questionnaire à la fin de l’article).
Et si vous avez un doute sur le sujet, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un psychiatre qui donnera un diagnostic. Un accompagnement psycho-émotionnel pourra tout à fait être mis en place dans le contexte d’une dépression, mais seulement en complément d’un suivi par un psychiatre.
La dépression, c’est un combiné entre une humeur dépressive (sur le plan psychologique) et une perte d’élan vital (sur le plan physique).
Humeur dépressive
L’humeur dépressive se caractérise par un ressenti globalement pessimiste. On a alors tendance à tenir des discours où l’on exprime de nombreux sentiments d’insatisfaction, de dévalorisation et d’autodépréciation. Cela peut aller jusqu’à développer l’impression de se sentir indigne et une culpabilité profonde.
En soi, nous ressentons alors une profonde souffrance morale. Et parmi les symptômes, cela peut entraîner :
- Une baisse de moral
- Une grande tristesse (abime, puit sans fond)
- Une anxiété très forte au niveau psychologique
- Un sentiment de vide et d’inutilité
- Un sentiment de déception, désespoir
- De la culpabilité
- Une démotivation
- Des pensées morbides
- Une mauvaise estime et image de soi
- Des montagnes russes entre des moments d’abattement et d’irritabilité
Chacun d’entre eux, sans être forcément un des symptômes de la sclérose en plaques à proprement parler, peut être ressenti avec cette maladie.
Cela fait souvent d’ailleurs partie des différentes étapes qui suivent l’annonce d’une maladie (lire l’article ici).
Perte d'élan vital
A ce niveau-là, il s’agit vraiment d’un déséquilibre d’un point de vue physique, pouvant aller jusqu’à une diminution des processus intellectuels et de l’activité motrice. Comme un ralentissement global de notre organisme.
Parmi les symptômes physiques (et la liste n’est pas absolument pas exhaustive), on peut retrouver un état de fatigue générale, des troubles du sommeil, la perte de plaisir (dans le sens où l’on ne ressent plus de plaisir du tout), des douleurs diverses.
Là dessus, seul un médecin pourra vous dire ce qu’il en est.
Mais alors, l'hyperémotivité c'est quoi ?
Comme le but de l’article n’est pas de parler de la dépression comme un des symptômes de la sclérose en plaques, regardons ensemble ce qui est entendu par « hyperémotivité ».
L’hyperémotivité, c’est le fait d’être en permanence submergé par ses émotions, comme des vagues qui nous emportent. D’être quelque part dépassé par ce trop-plein (et souvent incompris par notre entourage).
Cette hyperémotivité peut apparaître au fur et à mesure qu’une personne avance dans sa vie (parfois elle est détectée très jeune) mais elle peut aussi apparaître suite à un choc émotionnel ou un évènement traumatisant, difficile à accueillir.
Et on sous-estime très souvent le côté traumatisant et choquant d’un diagnostic de maladie chronique, quelle qu’elle soit.
Même si ce n’est pas ressenti sur le moment même (je vous détaille toutes les étapes qui suivent l’annonce d’une maladie ici), cela peut être mis de côté pendant très longtemps, peut-être sous forme de déni, pour continuer à avancer.
Et un jour, la marmite bouillonne de trop et on se retrouve avec une hyperémotivité accrue.
L'hyperémotivité, symptôme de la sclérose en plaques ?
De mon point de vue et au regard de toutes les connaissances que j’ai appris sur la gestion des émotions, je dirais que la majeure partie du temps, l’hyperémotivité n’est pas un des symptômes de la sclérose en plaques à proprement parler.
Mais elle va découler du stress, des peurs, des colères, des tristesses engendrées par la vie avec une maladie chronique, avec une épée de damoclès au-dessus de la tête tout simplement.
Et tout ce panel d’émotions qui ne sont pas souvent exprimées pour ce qu’elles sont.
Je m’explique : j’avais écrit tout un article en expliquant la problématique des émotions qui ne sont pas exprimées. De ce qui se passe lorsque par exemple, nous n’exprimons pas la colère à proprement parler mais que celle-ci s’exprime autrement, par la tristesse par exemple. Tout simplement parce que nous ne sommes pas à l’aise avec la colère.
Mais cela peut être la même chose avec la peur :
« J’ai tellement peur de ce qui peut m’arriver avec cette maladie, que cette peur est impossible à contacter. »
Donc, comme il faut bien que je l’exprime, je vais utiliser la tristesse et être débordé(e) de tristesse.
C’est ce que j’appelle le racket émotionnel. Et pour aller plus loin sur ce sujet et faire l’exercice pour voir de quelle manière vous exprimez vos émotions, je vous invite à lire cet article.
Hyperémotivité, hypersensibilité ...
Vient aussi la notion d’hypersensibilité.
L’hypersensibilité est une sensibilité plus haute que la moyenne qui est généralement vécue difficilement par la personne concernée. Elle est aussi parfois même perçue comme « exagérée » par son entourage. Ce qui la rend encore plus compliqué à vivre.
Je sais que pour ma part, j’ai une forte sensibilité. Qui existait avant le diagnostic de sclérose en plaques il y a plus de 12 ans.
Cette hypersensibilité, aujourd’hui je l’ai accueillie, acceptée. J’en ai fait une force dans ma vie (vous pouvez avoir accès à l’article complet sur l’hypersensibilité ici) et quelque part, j’ai trouvé un équilibre avec vivre avec elle.
Est-ce que l’hypersensibilité est un des symptômes de la sclérose en plaques ? Cela peut aussi être tout à fait en lien avec la gestion des émotions dont je parle plus haut.
Pour le coup, là-dessus, je n’aime pas mettre les gens dans des cases. Chaque personne est unique et chacun va réagir à sa manière. Certains vont bloquer toutes ces émotions pour ne pas souffrir, d’autres vont les laisser s’exprimer et être dévorés par elle. Et d’ailleurs, ce que j’ai repéré dans mes accompagnements, ce sont toutes les personnes qui ont bloqué ces pleurs pendant très longtemps et qu’aujourd’hui, cette tristesse remonte, cette sensibilité remonte.
Mais, elle n’est pas ACCEPTEE ! Et alors, malgré tout, la personne continue tant bien que mal à mettre un couvercle sur une casserole d’eau bouillonnante. On en revient donc au même point qu’au départ.
Alors hypersensible ou hyperémotif(ve) ? Dans quelle catégorie vous placez-vous ? Qu’en pensez-vous ? Est-ce que pour vous c’est un des symptômes de la sclérose en plaques ?
N’hésitez pas à venir écrire ici comment ça résonne pour vous.