Dans le chapitre précédent
Dans le chapitre 3, alors que je commençais mon stage, je me rendis compte que je ne ressentais plus aucune sensation dans tout mon torse, c’était comme si ma peau était endormie. Un peu comme la sensation que l’on a lorsque nous avons des fourmis. Au bout du dix jours, mes parents me convainquirent finalement de me rendre à l’hôpital.
Première rencontre avec l'hôpital
Mes symptômes étant toujours bien présents, ma collègue me déposa à l’hôpital vers dix heures, le matin, et m’y laissa seule. Je restais ainsi dans la salle d’attente pendant plus d’une heure et demi. Puis, je fus dirigée vers un premier médecin.
Je pensais que celui-ci m’indiquerait rapidement quel était mon problème, me donnerait un traitement et que je pourrais repartir finir ma journée. Après, tout, j’avais déjà perdu Une heure et demi de mon temps.
Ce médecin, qui était généraliste, était en réalité l’examen d’entrée dans l’hôpital, celui qui définissait le degré d’urgence de la consultation. Il évalua que mes symptômes correspondaient à un Code Blanc. Ce que je ne savais pas, c’est que ce Code Blanc correspondait au plus bas échelon de l’échelle des priorités de l’hôpital. Une cheville foulée, par exemple, passait avant moi, sans compter les connaissances et amis des infirmiers ou des médecins.
Le fait de ne pas parler un mot d’italien me bloquait complètement, je n’aurais pas su comment aller aborder le personnel de l’hôpital et je n’avais pas le tempérament pour aller m’imposer.
Une longue attente
Je restais donc là, dans cette salle d’attente, toute la journée, osant à peine m’absenter pour aller manger un sandwich au cas où cela aurait été mon tour.
Ce n’est qu’à 20 heures, alors qu’une autre de mes collègues passait par hasard voir un ami à elle dans cet hôpital, qu’elle passa le mot aux infirmiers, leur précisant que cela faisait longtemps que j’attendais. Je fus alors reçue par un autre médecin qui me redirigea vers le service neurologique.
Je commençais à saisir qu’il ne s’agissait peut-être pas d’une simple visite de routine et l’inquiétude commença à monter. Un neurologue ? L’appellation en elle-même me semblait synonyme de maladies graves ! La collègue en question, une fois assurée que l’on s’occupait de moi, repartit chez elle.
Entretien avec un neurologue ...
Trois heures après, je me retrouvais face à cette neurologue qui ne parlait pas français et que très peu anglais. La seule langue que nous avions pour nous faire comprendre était l’espagnol, qui était la plus proche de l’italien.
J’essayais donc tant bien que mal de lui faire comprendre mes symptômes, alliant les trois langues que je connaissais, espérant à chaque fois qu’un des mots pourrait lui être familier.
La situation en elle-même avait quelque chose de comique et, avec l’épuisement et le stress, je sentais monter un fou rire nerveux chaque fois que son visage m’indiquait qu’elle ne me comprenait pas.
... qui soupçonne des symptômes de la sclérose en plaques
Pourtant, elle devait forcément se douter qu’il s’agissait de symptômes de la sclérose en plaques. L’heure n’était vraiment pas au rire. A chacune de ses questions ciblées, j’étais en mesure de répondre “Oui” :
– Oui, je sentais bien des décharges électriques le long des jambes quand je baissais la tête
– Oui, j’étais épuisée
– Oui, tous ces fourmillements et paresthésies étaient arrivés d’un coup
Je voyais sa bouche grimacer à chacune des mes approbations …
Je veux rentrer chez moi !
Au bout d’un long moment, elle me signala par signes que je devais rester à l’hôpital et prononça le mot « elaborazione delle immagini da risonanza magnetica » – ou IRM en français. Lorsqu’elle me montra une photo, je m’arrêtais de rire à l’instant.
Aujourd’hui, je me rends compte que, bien sûr, il s’agissait typiquement des symptômes de la sclérose en plaques. Mais, à ce moment-là, je commençais à être fatiguée de tout ce remue-ménage, de toute cette attente pour quelque chose qui ne pouvait être qu’anodin. Il était plus de minuit, l’IRM ne pourrait être prête chez eux avant deux ou trois jours et elle ne souhaitait pas que je quitte l’hôpital d’ici là.
Épuisée nerveusement et physiquement, en proie à une inquiétude croissante, je ne pouvais cependant pas m’imaginer rester dans cet environnement, seule au milieu d’étrangers dont je ne comprenais pas la moindre parole, pendant plusieurs jours.
Mes parents, qui attendaient de mes nouvelles, proposèrent de me rejoindre mais je voulais partir de cet endroit le plus vite possible. J’avais besoin de me réfugier dans un terrain connu. J’ai appris par la suite que ma mère aussi avait tout de suite pensé aux symptômes de la sclérose en plaques.
Je pris donc le parti de signer une décharge et je décidais de rentrer à Montpellier dès le lendemain matin, où le diagnostic de la SEP serait finalement posé.