Dans le chapitre précédent
Dans le chapitre 17, après une rencontre malheureuse avec un neurologue et, enthousiaste par l’effet de l’acupuncture sur ma deuxième poussée, je prenais la décision de refuser le traitement proposé par l’hôpital, à savoir les interférons. Que s’est-il passé à ce moment précis ? Qu’est ce qui m’a convaincue que c’était la meilleure chose à faire pour moi ? C’est partir de là que j’ai compris l’importance de suivre son intuition.
Pourquoi ce refus ?
On me demande souvent comment j’ai fait pour sentir que cette voie était la bonne. Est-ce que le fait de suivre son intuition ne me mettait finalement pas en danger ? Honnêtement, je ne saurais répondre avec certitude.
Le chemin n’a certes pas été facile. En 2009/2010, on ne parlait pas de la relation corps / esprit comme nous en parlons aujourd’hui. Je me rends compte à quel point c’est devenu très en vogue ces derniers temps, en remarquant qu’il y a de plus en plus de magazines traitant du sujet.
Mais, à 23 ans, face à ce neurologue, estimé comme un grand ponte dans le domaine de la sclérose en plaques, je n’avais aucune répartie. Lorsque je lui avais mentionné l’acupuncture, cela semblait pour moi une évidence. Il me semblait que c’était un traitement possible ! Et j’étais à mille lieux d’imaginer que, pour la médecine allopathique, c’était inconsidéré.
Ce neurologue estimait clairement que je me mettais en danger. Et pourtant, bien au contraire, c’était à travers CE traitement que je m’étais sentie tellement en sécurité.
Beaucoup de choses ont changé aujourd’hui, fort heureusement. De nombreuses lectures sont apparues sur le sujet et quelques années plus tard, Olivier Soulier donnait son premier colloque sur “sortir de la sclérose en plaques” pour présenter une autre approche de cette maladie.
Intuition et confiance en soi
Tout s’est joué sur une profonde intuition. En ce qui me concerne, je pense qu’il y a eu, à ce moment, un cumul de plusieurs éléments :
– la confiance que j’avais en cette amie de ma mère (qui est aussi médecin, je me dois d’insister là dessus),
– et le bien-être que je ressentais avec elle par opposition au manque de considération des neurologues ou des infirmiers que je rencontrais.
J’étais en quête de réponses, de soutien, de douceur. Et je ne trouvais que froideur, détachement et manque d’empathie auprès de la médecine conventionnelle.
Comme un instinct de survie, je suis allée là où mon corps se sentait le plus apaisé, là où il se sentait écouté. Je pense réellement que c’est ainsi que l’on peut développer son intuition. Prendre le temps d’écouter son corps et son ressenti profond.
Et puis, au fil du temps, j’ai appris à m’affirmer. C’est là où je suis convaincue que, suivre son intuition, cela se travaille. Parce qu’il faut se connaître et avoir suffisamment confiance en soi pour réussir à l’écouter !
Parce que, au début, j’ai dû faire face à beaucoup de retours de personnes de mon entourage, scandalisées et effrayées par ma décision de ne pas prendre les interférons. Il m’a fallu du temps pour être en mesure de les “affronter”.
Les faux-amis de l'intuition
Ce qui est certainement le plus difficile est de savoir faire la différence entre son « intuition » et ses « désirs ».
Souvent nous nous laissons porter par ce que nous pensons être notre intuition alors qu’il ne s’agit en fait que d’une projection d’un de nos désirs que nous prenons pour une réalité. C’est l’exemple où nous pouvons nous engager à corps perdu dans une relation sentimentale avec une personne qui n’est pas prêt du tout à s’engager. Pleins de signaux pourraient nous avertir mais, tout à notre envie irrépressible de relation, nous projetons sur l’autre la même envie.
De même, lorsque nous pensons agir en accord avec notre intuition mais qu’en réalité nous sommes bloqués par nos peurs : « Cette personne / ce travail n’est pas fait pour moi, il ou elle est trop ceci, cela .. », alors que parfois cela peut juste être une croyance limitante.
L’excitation et l’engouement aussi peuvent nous jouer des tours…
Développer et suivre son intuition
Mais alors, comment nous reconnecter à nous-mêmes ? Comment développer et suivre son intuition ? Surtout dans une ère où nous sommes tellement hyper connectés et que notre cerveau est pris par tant de diverses informations, arrivant de partout, que nous n’arrivons presque plus à capter nos besoins réels.
C’est certainement à cela que m’a été utile cette étape de Tristesse, coupée de tout le monde. Je lisais, je regardais des films, je pleurais en tenant fortement un nounours contre moi pour m’apaiser et ponctuellement, j’allais marcher dans la garrigue derrière chez moi. Je n’étais pas polluée par les peurs et les croyances des uns et des autres, par les propositions de traitements, par les interférences… J’étais seulement connectée avec moi-même.
Et, dans cette solitude, venaient des sentiments, des sensations : ici je me sens bien, ici je me sens en danger / mal / pas accueillie.
J’ai souvent remarqué que c’est ce lâcher-prise, cette confrontation avec soi-même qui fait si peur. Et pourtant … C’est le plus beau cadeau que vous puissiez vous faire.
Je pense même que c’est la seule manière de développer son intuition. Et c’est de cette manière que l’on peut garder ESPOIR (voir chapitre 19 : “Garder espoir pendant la maladie, un grand véhicule du succès !”